Lana Greben – Démarche artistique
Le masque, le masquage, le paraître, la parade, le carnaval : la matière multidimensionnelle de ma pratique artistique est alimentée par ces modes d’altération esthétiques et identitaires, rituels individuels et collectifs. Elle souligne la présence de références transdisciplinaires issues des champs de la sociologie de la mode, de l’histoire de l’art, de la littérature, de la philosophie, de la sociologie et de l’ethnographie convoquant à la fois la culture populaire et savante.
Mon processus de recherche création porte sur le carnavalesque comme concept opératoire au sein de ma pratique artistique. La carnavalisation se manifeste par l’inscription, dans la forme et dans le processus de l’œuvre, d’une vision reflétant la réalité entretenue par la culture homogène de masse. Par sa fonction critique, le carnaval déstabilise temporairement. Il brouille les catégories de toute nature, suspend la certitude et préfère la réflexivité. La carnavalisation crée le corps d’une réalité déformée, l’image grotesque d’une identité approximative à l’état perpétuel inachevé causé par les circonstances sociales, politiques, psychologiques, culturelles, artistiques.
Mon travail s’apparente à la figure métisse de l’Arlequin. Dans un processus d’accumulation, de collage, d’assemblage de formes et de références, je privilégie une mise en espace installative qui fait appel à différentes stratégies d’exposition telles que la parade, la manifestation, le défilé de mode et l’étalage commercial. Entre le champ de l’art et la culture populaire, ma pratique se compose ainsi de ruptures de styles qui rappellent celles du carnaval.
Le carnaval exige un geste individuel de masquage – la dissimulation en contrepoids de l’homogénéisation, la résilience au lieu de la confrontation, – dans un régime d’hybridation, dans l’obsession et l’inquiétude d’être tout à la fois. Le carnaval s’interroge sur la notion de différence submergée par la masse des hiérarchies et catégorisations globales. Quelque soit la discipline, la forme, le médium, la culture, le genre, l’ethnie ou autre, une réponse à la diversité homogène apparaît dans les manières personnelles à tisser les histoires et les trajectoires individuelles.
Lana Greben