Le dernier article se terminait par « l’art contemporain ne donne pas de réponse, il interroge et questionne notre rapport au monde », c’est de cette catégorie d’œuvres dont il est question ici. Faire l’acquisition une œuvre d’art entraîne une suite de plaisirs.
Le premier plaisir : l’impulsion
Il est certain qu’il faut fréquenter un lieu de diffusion de l’art pour qu’un jour, à un moment inattendu, vous ferez la rencontre d’une œuvre qui vous interpelle, et même vous excite ou vous émeut sans trop savoir pourquoi. Cette œuvre contribue à faire entrer le rêve en vous. Des petites portes s’ouvrent progressivement, elle vous captive par sa dimension esthétique, et par tout le questionnement qu’elle provoque. Et ça y est le coup de cœur est là. Une expérience similaire à celle de tomber en amour, quoi !
L’œuvre aborde des facettes de soi souvent inconnues, elle nous parle en silence. Pourquoi celle-ci plutôt qu’une autre ? Il n’y a pas de réponse simple à donner ; c’est avec le temps qu’elle viendra. De plus, le fait de choisir une œuvre réalisée par un artiste nous amène à entrer en contact avec l’autre.
Le deuxième plaisir : le changement
Lors de l’installation de l’œuvre dans l’espace, on éprouve un autre plaisir avec la transformation de l’environnement. Tout en apprenant à la voir plus en profondeur, l’œuvre crée une ambiance, une atmosphère différente. C’est vivre avec un autre ordre beauté qui vient changer le décor en chassant la monotonie et la routine du lieu.
Mieux vaut avoir moins de chose sous nos yeux et de les choisir avec passion fait toute une différence. Ces objets personnalisent un espace de vie intime et publique. Cette rencontre avec l’œuvre, avec la création nous amène à vivre, à sa manière, la liberté de l’artiste. En quelque sorte, vous partagez sa vision, son brin de folie. De plus, acquérir une œuvre d’art contemporain, c’est d’accepter de vivre dans son époque avec ce qui se passe dans son époque.
Troisième plaisir : le questionnement
Que vous soyez dans le plaisir du silence, dans l’inertie de la contemplation ou au contraire dans le discours philosophique, l’œuvre d’art habite intellectuellement un espace de vie au quotidien. Comme déjà mentionné l’œuvre contemporaine questionne notre monde ; chaque regard apporte un autre type de lecture et un autre niveau de connaissance.
Nos expériences de vie font en sorte que la perception de l’œuvre change avec le temps. C’est pourquoi sa lecture est inépuisable ; on la redécouvre dans le temps au fil de différentes lectures. Elle est une présence qui vous donne le sentiment d’être accompagné. Pour certains, l’œuvre marque le temps, elle devient une trace, un signe, un peu comme l’écriture dans notre journal de bord.
Le langage visuel de la couleur, la matière, la forme est un autre genre d’écriture à apprivoiser. Un langage qui ne nomme pas les choses, les évoque tout simplement.
Conclusion : le danger
Le seul danger qui nous guette c’est de développer une dépendance à la présence d’œuvres d’art. Faites l’expérience de vivre sans cette présence et vous serez en mesure de constater par vous-même le vide. Il n’y a plus rien pour vous interpeller dans la connaissance de soi et la connaissance de l’autre.
De plus, l’unicité que procure une œuvre d’art originale est difficilement retrouvable ailleurs dans nos sociétés industrialisées où tout est produit en série. L’acquisition de l’œuvre d’art unique est gratifiante dans notre participation à un projet social.